La vie est belle
- Editions Bruno Doucey - 2019 -
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Reprise sur ce blog en douceur, en poésie, avec la bonne résolution de saison de poursuivre ce principe de week-end mensuel poétique pour l'année à venir.
Ce recueil est le premier de la collection Poés'histoire, une collection illustrée qui convient aux lecteurs de tout âge : " Quand la poésie prend les enfants au sérieux "
D'une soixantaine de pages, il est de toute beauté ce recueil. C'est un voyage, dans le temps d'une vie, au fil des saisons et de l'eau, abordant des rivages de forêts, de jungles, de côtes grecques; ce sont des mots d'amour et l'émerveillement des images et des mots, celui de l'enfance qu'il nous faut préserver. Des images et des mots évocateurs, l'alliance en élégance et délicatesse de la plume et du pinceau.
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Je m'enivre de miel sauvage
Je roule sur un tapis de mots
griffe leurs écorces
mordille leurs racines
froisse des feuilles
Puis je m'oursonne doucement
dans la tanière d'un poème
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Les poèmes narratifs de Bruno Doucey sont accompagnés des dessins de l'illustratrice Nathalie Novi - peintre littéraire comme elle se qualifie elle-même -. Sur double-page, elle déploie sa sensibilité, la finesse de son trait, relevant le défi de la sobriété - du crayon, un noir & blanc relevé de rouge - que nous le lui connaissions pas, elle qui maîtrise tant la couleur ( ici, je n'ai présenté que succintement son Pinocchio, je vous invite à découvrir ses albums aux éditions Rue du Monde ou Dame Hiver des frères Grimm aux éditions Didier Jeunesse ).
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Un ruisseau de montagne
traversait le sentier de mon enfance
son eau vive bondissait
du talus
étirant avec elle la soie verte des herbes
A la fin de l'hiver, l'eau clapotait sous la glace
comme chante un poète
dans une langue étrangère
je l'attendais
L'été venu, mon ruisseau découvrait
de grandes dalles calcaires blanchies comme des os
l'attente changeait de rive
Les mains plongées dans les remugles de son ventre
j'arrachais les pierres
je raclais la terre
j'excavais des bosses
je dressais un barrage
pour qu'un fleuve renaisse de la vigueur de mes bras
Mes parents n'ont jamais su
que j'étais devenu l'aventurier d'un lointain canyon
l'enfant-castor d'une vallée engloutie sous les eaux
Aujourd'hui l'asphalte
a tué le sentier
l'eau s'est terrée
comme une bête
Mais je reste l'Indien des mots de mon enfance
L'eau coule dans ma nuit et je détourne encore
des ruisseaux de montagne
pour entendre le temps battre contre mes paumes.
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Commentaires
1 Autist Reading Le 11/12/2021
marilire Le 12/12/2021
2 Kathel Le 11/12/2021
marilire Le 12/12/2021
3 A_girl_from_earth Le 11/12/2021
marilire Le 12/12/2021
4 Passage à l'Est! Le 12/12/2021
Cela me fait penser que tu devrais nous reparler de tes couvertures de livre!
marilire Le 13/12/2021
5 Anne Le 13/12/2021
marilire Le 13/12/2021
6 Tania Le 13/12/2021
"Mais je reste l'Indien des mots de mon enfance"
marilire Le 13/12/2021