Un an dans la forêt - François Sureau
- Gallimard - 2022 -
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Je poursuis ma lecture des récits de François Sureau, publication après publication. Je garde un bon souvenir de ma dernière lecture et de sa question en suspens - Ma vie avec Apollinaire ICI -. Dans cet opus, c'est en compagnie de Blaise Cendrars que nous voyageons dans le temps, un récit de souvenirs en variations avec l'homme et son oeuvre.
Le titre est accrocheur, il se réfère à cette parenthèse dans la vie du " bourlingueur " l'année 1938, celle de ses cinquante et un ans : désemparé, désorienté, parce qu'il ne parvient plus à écrire, une absence, " un gouffre d'impuissance ". Il rencontre Elizabeth Prévost, fortunée aventurière de vingt-sept ans aux nombreux voyages sur le continent africain. Elle possède une belle maison - Les Aiguillettes qui sera détruite par l'occupant durant la guerre - et des chevaux dans la forêt des Ardennes. Elle y invite Cendrars. C'est un voyage immobile où la fantaisie de son hôte et l'environnement lui redonnent l'élan de l'écriture. Une année dans leurs vies, ils ne se reverront jamais.
" A la fin de ses brefs Souvenirs, on peut lire : Blaise Cendrars fut, dans ma vie, et pour toute ma vie, l'être qui marqua le plus mon coeur et mon esprit."
En ouverture du récit, François Sureau s'attarde dans cette forêt des Ardennes ayant effectué son service militaire à Sedan. Il raconte la Légion étrangère et les heures en forêt, ces sensations particulières, les émotions.
- " Si je n'étais pas venu les chercher, j'ai trouvé dans ces forêts un adoucissement aux rigueurs des lois qui gouvernent nos vies. J'y reviens aujourd'hui en pensée parce que je me souviens de m'y être vu accorder autrefois, comme une grâce, la permission de ne plus retomber entièrement par la suite, " au pouvoir des heures, sous l'illusion du temps". "
- " Et les deux amis dont j'écris l'histoire et qui n'ont pas cessé de peindre le présent aux couleurs imaginées de l'avenir me sont devenus deux anges tutélaires. Nous avons fait tous les trois la même expérience. Indissociable de la forêt, le silence est, dans ses effets, de même nature que le départ. La forêt silencieuse, dans son énigmatique immobilité, porte jusqu'à nous un persistant appel à se souvenir du présent, et dans ce souvenir même à imaginer, pour le futur, d'autres aventures. C'est de mon enfance tout à la fois éclairée et assombrie par les sortilèges de la forêt que je tiens le remède par lequel j'ai guéri de cette enfance même."
Les souvenirs affluent, d'autres forêts et la maison d'enfance perdue. De Blaise Cendrars, l'auteur nous parle autant du légionnaire et de l'engagé que du poète et du romancier. François Sureau nous présente Elizabeth Prévost, illustre inconnue qui pourtant connu " trois naufrages, la guerre, la vie sauvage, et fit l'admiration de Kessel, qui n'était pas facile à impressionner.", et traversa cette année 1938 l'Europe en roulotte.
La plume de l'auteur est sensible, elle peut paraître érudite par les références littéraires, elle me ravit, elle est toujours pour moi une incitation à d'autres lectures, y revenir ou découvrir. Etait-ce un hasard, j'ai repris il y a peu La prose du Transsibérien. Je vais relire Blaise Cendrars.
C'est pourquoi je vous propose un rendez-vous dans un mois, le vendredi 24 février, si vous souhaitez m'accompagner pour cette (re)lecture de Blaise Cendrars.
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Commentaires
1 Aifelle Le 25/01/2023
marilire Le 25/01/2023
2 niki Le 25/01/2023
marilire Le 25/01/2023
3 Ingannmic Le 25/01/2023
Et Cendrars, jamais lu.. j'ai un ami qui est fan, mais c'est un auteur qui me fait un peu peur, puis en février, il y a le mois latino... je verrai comment le reste de mes lectures s'articule.. mais c'est une belle idée !
marilire Le 25/01/2023
4 Dominique Le 25/01/2023
marilire Le 25/01/2023
5 A_girl_from_earth Le 25/01/2023
marilire Le 26/01/2023
6 Bonheur du Jour Le 27/01/2023
Bonne journée.
marilire Le 27/01/2023
7 Violette Le 28/01/2023
marilire Le 29/01/2023