A celle qui s'avance - Bruno Mabille
A l’improviste
une inconnue ouvre la porte
me donnant son nom
en guise d’adresse
ni ange ni spectre
sinon qu’à contre-jour
je n’en devine
que le tremblement des lèvres
et des perles qui brillent
[...]
Immobile
dans sa posture de reine
elle n’aurait pas l’air
d’être vivante
si ne se soulevait
par instant sa poitrine
Je retiens mon souffle.
.
- Gallimard -
Un recueil en trois parties qui disent la rencontre, le désir, puis la maladie qui s’immisce et les rivages incertains de la convalescence.
Poésie amoureuse, poésie douloureuse, des mots d’amant, des mots qui prennent et qui perdent, des vers lumière, des vers colère, des poèmes qui caressent, des poèmes qui touchent.
Pages d’amour aux images comme en hommage au genre : la sensualité du jardin d’été, la plante mauvaise qui empoisonne le sang, le sein de l’aimée, vent d’automne et noir d’hiver, la mer immense de flux et de reflux à traverser les corps pantelants. Ce recueil est celui d’un poète qui cherche les mots et c’est la voix d’un homme. On l’entend, on l’écoute, autant qu’on le lit, les poèmes à la fois charnels et pudiques, respectant les temps de silence.
.
Vous
l’abandonnée
la si lointaine
si je pouvais
tout contre vous
n’être plus
qu’un peu de vous-même
si s’accordaient nos ombres
comme dans une chambre
nous n’en finirions pas
de nous donner l’un à l’autre
ce que nous n’avons pas
vous
l’épousée.
.
Comme l’étoile
qui met le temps de la lumière
pour apparaître
n’est-on pas déjà né
avant de naître
Il faut longtemps scruter la nuit
pour qu’à nos yeux se dévoile
ce qui n’était au fond
qu’une ombre en puissance.
***
*
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