Oreiller d'herbes - Natsumé Sôseki
- Rivages -
- Traduit du japonais par René de Ceccatty et Ryôji Nakamura -
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Ce récit de Natsumé Sôseki a été écrit en 1906. Il est singulier dans la mesure où il mêle roman et réflexions sur l’art. L’auteur le qualifie de roman-haïku. La poésie y est omniprésente, pas seulement dans les vers qui parsèment les pages, mais également dans les descriptions des lieux, des moments; dans le regard. La poésie n’est jamais séparée des arts, de la peinture, de la calligraphie, de la musique.
Sur ces pages, un peintre, le narrateur, part quelques jours en montagne, dans un village, non loin de la mer, durant la guerre russo-japonaise. C’est l’image du titre, expression poétique évoquant le voyage. Il s’y retire, c’est un retrait du monde, une retraite.
Il recherche « l’impassibilité », «un point de vue poétique», c’est-à-dire qu’il cherche à s’affranchir, du monde vulgaire - « Au-delà d’une certaine dose de ragots, l’odeur du monde d’ici-bas vous pénètre par tous les pores et votre corps s’alourdit de cette crasse-là.» -, de son rythme, de ses contraintes, des passions, pour ne se consacrer qu’à son art, que son esprit et sa vision y soient voués. C’est une quête et un voyage initiatique, pas la recherche d’un art de vivre, mais vivre pour l’art, ne voir que par les yeux du peintre.
« Lorsque le mal de vivre s’accroît, l’envie vous prend de vous installer dans un endroit paisible. Dès que vous avez compris qu’il est partout difficile de vivre, alors naît la poésie et advient la peinture. [...] Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le cœur des hommes. »
Ce récit, lent, attentif, est traversé par une figure féminine mystérieuse, vécue comme une apparition, vue comme une légende et comme un modèle de tableau - « la silhouette de la femme disparaissait dans les bruines mélancoliques » -. Les rencontres entre le narrateur et cette jeune femme « théâtrale» nourrissent la réflexion du peintre sur son art, sur la définition de l’artiste. Il observe, parfois philosophe, il réfléchit à la création, à ce qu’elle peut représenter des émotions, dérive sur les représentations d’Ophélie.
Durant ce séjour, le peintre ne peint pas. Il esquisse. Il compose ou se remémore des poèmes.
Sur ces pages, Natsumé Sôseki, qui vécut quelques années en Angleterre, qui se spécialisa en littérature anglaise, cite des peintres japonais comme occidentaux ( Turner, les Impressionnistes ), des poètes asiatiques comme européens, partageant ses commentaires et considérations.
On retrouve l’esthétique japonisante, dans l’écriture comme dans le récit, la nature, les fleurs, les saisons, les frémissements du vent, des couleurs, des reflets, les compositions des scènes, l’exigence de beauté, de raffinement, d’absolu.
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Natsumé Sôseki (1867-1916) est poète et peintre.
Si je pouvais être
l'hirondelle
Qui tout entière se donne à ses pensées
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- Sôseki - Haïkus – Éditions Picquier – Recueil illustré de peintures et calligraphies de l’auteur – Traduction Elizabeth Suetsugu -
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- Hiroshige -
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- Les classiques c'est fantastique : Thème : C'est dans l'Art -
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Commentaires
1 Dominique Le 30/06/2022
marilire Le 30/06/2022
2 L'ourse bibliophile Le 30/06/2022
marilire Le 30/06/2022
3 Ingannmic Le 30/06/2022
marilire Le 01/07/2022
4 Anne Le 30/06/2022
marilire Le 01/07/2022
5 keisha Le 01/07/2022
marilire Le 02/07/2022
6 A_girl_from_earth Le 02/07/2022
marilire Le 02/07/2022
7 maguy Le 03/07/2022
marilire Le 05/07/2022
8 Fanny Le 04/07/2022
marilire Le 05/07/2022
9 Natiora Le 04/07/2022
marilire Le 05/07/2022
10 Tania Le 17/07/2022
marilire Le 25/07/2022