
- Traduit du russe par Sylvie Luneau et Boris de Schloezer -
Cette nouvelle de Léon Tolstoï est judicieusement éditée dans un recueil regroupant La sonate à Kreutzer et Le bonheur conjugal. Bien qu'ayant lu les deux récits pré-cités, je ne connaissais pas ce court texte qui s'y inscrit parfaitement pour témoigner de l'évolution " morale " de l'auteur ( la sexualité en démon ) et de son talent d'écriture. A cette lecture, je n'ai pu que regretter n'avoir toujours pas pris le temps de lire le recueil présentant, à la suite de La sonate à Kreutzer développant la passion amoureuse et la jalousie extrême, la réponse de son épouse Sophie à Tolstoï dans son texte intitulé A qui la faute ? .
En variation, dans cette nouvelle, l'auteur raconte, et condamne, le désir brut qui peut s'emparer de l'homme jusqu'à la folie, jusqu'à la pulsion meurtrière. Celui qui veut posséder est possédé, au sens satanique comme l'exprime ce titre Le Diable portant majuscule. Il est à noter que si Tolstoï relate, en violence, en tragédie, l'attirance sexuelle, il ne blâme ni la femme, se gardant d'en peindre un portrait maléfique de provocatrice indigne, ni l'homme dont le désaveu vient de son incapacité à surmonter ses pulsions. Damnés plus que condamnés, bannis de l'Eden que serait, selon l'auteur, Le bonheur conjugal.
Car, dans ce récit, Eugène Ivanovitch Irténiev est un homme de valeur, sérieux, engagé dans le projet de sa vie de propriétaire terrien de reconstruire le domaine fermier de son père. Stepanida est la jeune paysanne qui répond à son désir lorsqu'il y succombe, la sachant mariée, s'étant lui-même heureusement marié. Tolstoï décrit le véritable combat que se livre cet homme, sa conscience douloureuse de l'emprise à laquelle il est soumis. Stepanida n'a pas réellement de présence, de personnalité, dans ce texte, elle est l'incarnation de ce désir ravageur ( contrairement à l'épouse que l'auteur met en scène à traits fins ). Tolstoï raconte la passion au premier sens du terme; le Tolstoï mystique, moraliste, toujours grand auteur.
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Cette nouvelle est également éditée en Folio 2euros, que je ne vous recommande pas particulièrement, simplement déçue par la caricature aguichante d'une couverture ( photo d'un sein nu ) et d'une quatrième qui me semblent dénaturer ce récit, le présentant comme une lecture pornographique ( " ... Stepania, une belle paysanne impudique, au regard de braise, au corps vigoureux et à la peau laiteuse, qui met tous ses sens en émoi... " ! )
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- Demoiselle Mina vous présente sa lecture de La Vénus à la fourrure de Leopold von Sacher-Masoch -
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Commentaires
1 Mina Le 31/12/2013
* De manière générale, à quelques rares exceptions près, je trouve leurs choix de couverture d'aussi mauvais goût que déconcertants.
2 Marilyne Le 31/12/2013
( Tu le trouveras dans la rubrique Non-Fiction présenté avec " Le roman de Tolstoï " de V. Fedorovski )
3 niki Le 31/12/2013
4 Anne Le 31/12/2013
5 Marilyne Le 01/01/2014
@ Anne : excellent choix...