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Deux amis - Ivan Tourguéniev
- Mercure de France -
- Traduit du russe par Françoise Flamant -
« Alors qu'on était déjà en automne, Viazovnine fut amené à faire connaissance avec l'un de ses plus proches voisins. Celui-ci s'appelait Pierre Vassilitch Kroupitsyne. Ils se plurent mutuellement, commencèrent à se voir souvent, et, l'hiver venu, ils étaient déjà intimes au point de ne presque jamais se quitter. Et cependant ils n'avaient pas grand-chose en commun. »
C'est par cette nouvelle réjouissante que je découvre enfin la plume d'Ivan Tourguéniev ( 1818 - 1883 ) dans cette agréable petite collection poche Le petit Mercure ( dont je m'en vais explorer le catalogue proposant de nombreux courts textes d'auteurs classiques ) qui présente en fin d'ouvrage une biographie succincte de l'auteur.
Réjouissante nouvelle car elle se lit le sourire aux lèvres, le plaisir d'une prose fluide et vive qui plante un décor et donne corps à ses personnages en quelques lignes, quelques scènes simples rythmées par les dialogues. Et toute l'atmosphère est là, celle de la Russie des années 1840 loin des grandes villes. A la fois tendre et caustique, le propos est bien plus fin qu'il n'y paraît sous le prétexte au récit : Boris Andréïtch Viazovnine rejoint " ses terres héréditaires sises dans l'un des gouvernements de la partie centrale de la Russie " où il se résout à s'occuper de son domaine et à l'ennui qui l'atteint dans cette retraite provinciale campagnarde, ses revenus ne lui permettant plus la vie citadine de la capitale. Il se lie d'amitié avec l'un de ses voisins, Pierre Vassilitch Kroupitsyne, alors que tout sépare les deux hommes à peine trentenaires, l'éducation, la fortune, les goûts et intérêts, la pensée du monde et de la vie justement même. Pour le second, le premier est " incapable de rien faire " et pourtant ils deviennent inséparables. Semblant résigné à sa propre vie de célibataire, Pierre Vassilitch se met en tête de marier son ami, se met en quête, pensant offrir une réponse à l'insatisfaction, au désoeuvrement de son ami. Boris Andreïtch consent au projet, se laisse prendre à ses équipées à travers la région. Et le lecteur avec lui. Ces scènes de rencontres organisées par Pierre Vassilitch avec les potentielles épouses qui s'ensuivent sont drolatiques sans avoir l'air d'y toucher. Lors de ces presque parodies de rendez-vous mondains, nous côtoyons toute une galerie de personnages qui semblent évadés d'une pièce populaire; pointe d'impertinence pittoresque sur l'art du portrait.
Dans ce tableau de la Russie provinciale aux traits parfois burlesques, l'ironie se fait bienveillante et complice, nous menant à l'épilogue gentiment moralisateur, cet épilogue célébrant les vertus et bonheurs paisibles de la vie conjugale que ne renierait pas un Tolstoï.
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- Mois de la nouvelle avec Flo - Lire les Classiques avec Stephie -
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Commentaires
1 claudialucia Le 18/02/2014
Vertu de la vie conjugale pour un Tolstoï? Avec ce qu'il pense du mariage et de la femme en général? A quel roman penses-tu? Moi à La sonate à Kreutzer!
2 Marilyne Le 19/02/2014
3 Dominique Le 19/02/2014
je viens de le terminer et j'ai aimé cette critique voilée de la vie russe mais avec un humour très pittoresque
4 Marilyne Le 20/02/2014
5 Flo Le 22/02/2014
6 Marilyne Le 22/02/2014
( quant au prochain recueil que je présente, mon édition est mieux que la tienne mais tu n'as déjà pas été convaincue par les nouvelles que tu as lues, ça c'est fait, je suis bien partie pour - te - présenter la nouvelle de R.Carver consacrée à Tchekhov XD )
7 Flo Le 26/02/2014
Carver et Tchekov ? Hum... J'attends ça avec impatience ;D