
- Livre de poche -
- Traduit de l'anglais ( Etats-Unis ) par Frédérique Campbell-Nathan -
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L'auteur allemand Erich Maria Remarque ( Erich Paul Remark - 1898-1970 ) est (re)connu pour son roman témoignage, engagé et pacifiste, sur la Première Guerre Mondiale relatée du côté allemand A l'Ouest, rien de nouveau ( ouvrage brulé par les nazis ). Il fut publié en 1929. Erich Maria Remarque quitta l'Allemagne. Après la Suisse, il s'installa aux Etats-Unis où il obtint la nationalité américaine en 1947. Ce recueil de six nouvelles a été publié alors qu'il vivait aux Etats-Unis. En français, il est paru en 1994 aux éditions Stock ( sous le titre La femme de Josef, l'une des nouvelles ), parution épuisée ces dernières années. Il a été republié l'année dernière au Livre de Poche.
Malgré ce titre - L'ennemi ( une autre nouvelle ) -, ces récits ne racontent pas la Grande Guerre. Elles racontent " l'après ", pour les survivants, du moins physiquement, militaires ou civils, hommes ou femmes, pour les terres dévastées. L'ennemi, c'est le nationalisme, toujours dénoncé, et c'est l'horreur et l'absurde des combats. Des nouvelles comme une suite à A l'Ouest, rien de nouveau. Si les personnages sont Allemands, si cela se constate par leurs noms, cela ne se constate justement que par les noms. Ce contexte d'après-guerre est celui de n'importe quelle région victime du conflit, et c'est aussi en cela que l'on retrouve le ton et l'engagement du célèbre roman, peu importe la nationalité, la frontière. On y relit le réquisitoire et le plaidoyer.
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" - Il n'y a pas de raison qu'il soit mort, observe Karl en me regardant d'un air sombre. - Tu crois qu'il serait devenu musicien ? C'était ce qu'il voulait, à l'époque.
Je n'en sais rien, et nous partons. Le crépuscule a tourné au bleu nuit. Karl s'arrête une fois encore, et avec un grand geste de la main : - tu vois, je n'arrive pas à comprendre; ici, il n'était plus possible de penser. C'était l'Enfer, le véritable Enfer, la fin du monde, un chaudron diabolique, sans issue, et quand on y était plongé, on cessait d'être un homme... et à présent nous nous y promenons, et ce n'est plus qu'une petite vallée dans la nuit, une petite colline inoffensive..."
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Le dernier texte, intitulé Silences, moins narratif, élégiaque, une complainte décrivant les terres martyrisées, ces terres tombeaux aux corps et aux armes enfouis, l'impose, le silence. Les derniers mots sont " la douleur et le souvenir ".
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" Il n'existe pas de contrée comparable à celle-ci; le désert est plus vivant, avec son silence organique.
Ce silence n'a pas son pareil au monde : c'est un prodigieux cri pétrifié. "
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- Mois de la nouvelle avec Flo -
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Commentaires
1 Nadège Le 03/06/2014
2 niki Le 03/06/2014
3 Anne Le 03/06/2014
4 Aifelle Le 03/06/2014
5 Marilyne Le 03/06/2014
@ Niki : je comprends bien...
@ Anne : Certes. Je dirai même plus Ah ben oui !
@ Aifelle : bien d'accord avec toi. C'est l'un des aspects que j'avais apprécié dans le roman américain " Compagnie K " qui couvre toute la période, de la préparation militaire au retour des soldats sur plusieurs années, l'oubli, le nationalisme qui sévit à nouveau...
Comme toi, je n'avais lu que " A l'Ouest, rien de nouveau ", et maintenant j'ai noté d'autres titres de E.M.Remarque ( ça n'en finit jamais ^^ ). Il a d'ailleurs écrit un roman qui s'intitule justement " Après ", d'autres sur les combats mais également ( ceux que j'ai notés ) un sur l'Allemagne de la fin des années 20 et un sur l'exil, les réfugiés allemands ( qu'il situe en 1942 ).
6 Flo Le 04/06/2014
Sinon, de la part de l'organisatrice qui sent que tu as décidé de lui mettre le Bronx dans ses petits papiers ;p Quelle est la nationalité de l'auteur en définitive ? Avait-il la double nationalité ?
Pour autant que je sache il est considéré comme un écrivain allemand et si ce texte avait été traduit de l'allemand, je me serais assise sur sa nationalité US (d'ailleurs tu l'as classé toi-même en Europe mais peut-être est-ce dû au thème) mais, là, je me gratte la tête. Je lui mets les deux ? (une promo maison en quelque sorte ;p)
7 Marilyne Le 04/06/2014
Je n'ai pas élucidé cette histoire de traduction de l'anglais ( et je me doutais que tu relèverais ;p ).
8 Flo Le 04/06/2014
Pour la traduction : c'est la première info que l'on voit sous la couv' :D Et c'est justement cela qui m'a fait lever les sourcils.
Deux options : une fois sur place, il a écrit en anglais ou, comme il vivait dans un pays anglophone, ses nouvelles ont été traduites en anglais, oubliées puis sorties des cartons pour un anniversaire quelconque et traduites en français à partir de la traduc' anglophone (ce ne serait pas la première fois que cela arrive. En fait, beaucoup d'écrivains exilés ont été confrontés à ce genre de micmac).
9 Marilyne Le 04/06/2014
10 Manu Le 07/06/2014
11 Marilyne Le 08/06/2014
12 Alys Le 20/01/2019
Je viens de le lire. J'étais persuadée de t'avoir dit que je l'avais dans ma PAL, mais je ne vois pas de commentaire de moi ci-dessus! Peut-être me suis-je loupée en l'envoyant.
Je voulais te dire que je crois bien que Remarque a écrit en allemand et a été traduit en anglais (ce qui signifie que la traduction française est la traduction d'une traduction): la page Wikipédia en anglais https://en.wikipedia.org/wiki/Erich_Maria_Remarque#Other_works indique une publication en allemand sous le titre"Der Feind", avec pour "English translation: The Enemy", et la française dit "1930 commence par son divorce avec Ilse Jutta Zambona, puis en mars est publié L'Ennemi (Der Feind)".
13 Marilyne Le 20/01/2019
14 Alys Le 23/01/2019
15 Marilyne Le 24/01/2019