
- Editions Ici Même - 2019 -
- Traduit de l'italien par Laurent Lombard -
Début du XXè siècle, quelque part en Europe centrale. La jeune Ada vit seule avec son père, un bûcheron aussi rustre qu'autoritaire. Le talent et la curiosité de la fillette pour la peinture ne font qu'attiser la colère et le mépris du père. Consciente que l'affrontement n'est pas une option, Ada fait mine de se soumettre à l'autorité paternelle, pour mieux, secrètement, s'adonner à sa passion. Pour autant, l'orage se prépare au loin et il sera difficile d'y échapper.
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Cette BD de plus d'une centaine de pages est un bel album, un coup de coeur graphique.

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Les pages dévoilent les peintures de l'illustratrice Barbara Baldi, un univers de paysages offerts aux couleurs douces, à de fins camaïeux, tout en atmosphère. Les pleines pages sont d'une grande beauté. Sur un récit rude et cruel, l'image parvient à dégager une réelle délicatesse, une féminité, une lumière.

Certaines illustrations paraissent des collages auxquels serait ajoutée de la photographie pour les personnages qui accentue leur présence sur le décor tandis que le ciel et la forêt relèvent presque de l'impressionnisme. Les pages peuvent paraître sombres, elles sont éclairées de touches de couleurs, bleu, roux, vert.

Le scénario n'a rien d'original, c'est son traitement qui est remarquable. En Autriche, en 1917, une jeune fille et son père vivent isolés, dans une forêt proche de Vienne. Cet homme n'a que mépris pour les femmes, pour l'art. Il est acariâtre, abject dans sa violence verbale, réduisant sa fille à l'esclavage, à peine la considère-t-il comme un garçon de ferme. Le trait des portraits joue de la caricature, en gros plan.
Au fil des saisons, Ada s'évade, au sens propre comme une figuré, dans une cabane où elle s'adonne au dessin, à la peinture. De nombreuses planches et pages muettes témoignent de sa solitude, de sa concentration, de son regard aussi, tourné vers la beauté. Les silences sont éloquents sur ces pages. Et somptueux. L'album est sobre, émouvant, puissant.

Ada parvient une fois à se rendre à Vienne, dans un atelier qu'elle connait. Là, l'album se fait hommage, on croise Schiele et Klimt. Sur les dernières pages, une galerie de peintures de l'illustratrice, qui complète l'épilogue.
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Commentaires
1 maggie Le 23/03/2019
2 Anne Le 23/03/2019
3 niki Le 23/03/2019
4 Marilyne Le 23/03/2019
5 Marilyne Le 23/03/2019
@ Niki : pour te dire, je l'ai relu le lendemain de la première lecture, et j'ai encore plus aimé. Ces illustrations, ce sont des tableaux.
6 keisha Le 24/03/2019
7 Aifelle Le 24/03/2019
8 Marilyne Le 24/03/2019
@ Aifelle : espérons, il est encore récent ( février ). Ce serait un beau choix.
9 Kathel Le 25/03/2019
10 Marilyne Le 25/03/2019
11 Noukette Le 26/03/2019
12 Autist Reading Le 27/03/2019
13 Marilyne Le 27/03/2019
@ Autist Reading : oui, c'est ce résumé du scénario qui m'a fait hésiter. Mais en le feuilletant, je voyais bien que pour l'apprécier, il fallait le lire, entrer dans l'univers. Et je n'ai pas été déçue. Va voir, c'est certain que des visuels sur ordi, ça rend nettement moins bien que les planches.
14 Jérôme Le 27/03/2019
15 Marilyne Le 28/03/2019
16 Lili Le 31/03/2019
17 Marilyne Le 31/03/2019
18 Anna Le 03/04/2019
19 Marilyne Le 03/04/2019