Le Rêveur de la Forêt
.
Le Rêveur de la Forêt est une exposition présentée au musée Zadkine à Paris jusqu'au 23 février 2020. Cette exposition interroge les représentations et les motifs, les symboliques de la forêt à travers des oeuvres d'artistes modernes et contemporains. Elle nous montre la peur, la vie première, l'enchantement, le refuge du vivant.
Le musée Zadkine, tout près du jardin du Luxembourg, est un lieu charmant. C'est la maison et l'atelier du peintre qui ont été aménagés après le don à la ville de Paris de son épouse. Nous traversons les pièces du rez-de-chaussée, puis le petit jardin pour arriver à l'atelier. Je vous en parlais ICI.
Cette exposition est modeste par l'espace, certainement pas par le choix d'oeuvres, particulièrement intéressant par la variété proposée - de genres, médiums, époques -, un voyage en imaginaire artistique. Ce sont des sculptures, des dessins, des gravures, des peintures, des videos, des photographies, des sons.
Cette visite m'a comblée. Elle se déroule en trois parties - trois thèmes pour approcher son sujet : La lisière / La Génèse / Bois sacré-Bois dormant.
La Lisière, c'est une frontière, celle entre le monde sauvage et celui dit civilisé; c'est le seuil à franchir pour retourner aux origines, aux mythes, aux arts premiers. Ce sont les sculptures totem, des photographies contemporaines, une gravure de Gauguin, un dessin de Picasso, une toile de Dubuffet, La forêt d'automne de Natalia Gontchavora, des photographies de Patrick Bard ainsi que :
- Daphné - Ossip Zadkine -
.
- La forêt humaine de Giacometti -
- Voici celle de Zadkine :
.
Dans la seconde salle, c'est La Génèse. Peu m'importait les " parties " de cette exposition en réalité, j'ai pleinement profité de cette promenade sensible, si dense et multiple, comme peuvent l'être les forêts, avec le bonheur de revoir l'immense toile de Séraphine de Senlis intitulée L'arbre de Paradis ( ce qui m'a expliqué pourquoi nous ne l'avions pas vue à l'exposition de l'automne du musée Maillol Les grands maîtres naïfs - chronique ICI ) ( cette peinture est conservée au Centre Pompidou ) :
Puis la joie de découvrir tranquillement une toile de Victor Brauner. En ce début d'année, une rétrospective est annoncée au musée d'Art Moderne de Paris pour le printemps, je l'attends sans que je me sois attendue à voir l'une de ses toiles au musée Zadkine.
- La charmeuse Congloméros ou La rencontre du 2 bis rue Perrel -
Cette toile, comme un collage, reprend une toile du Douanier Rousseau dont les jungles fascinaient le surréaliste Victor Brauner. C'est un hommage, pas un plagiat, bien que le tableau semble une copie. Pour la petite histoire ( qui explique le double titre de la peinture ), V.Brauner a loué l'ancien atelier de Henri Rousseau après la guerre.
Voici l'original du Douanier Rousseau :
- La charmeuse de serpents - Henri Rousseau -
.
Parmi les oeuvres, le monde animal qui peuple la forêt n'est pas oublié - parfois lien avec notre humanité, rappelant notre inter-dépendance - , ni la fragilité avec la toile de André Masson L'arbre foudroyé.
- La Chauve-souris - Germaine Richier -
( avec ses ailes comme une " dentelle végétale " )
.
J'ai beaucoup aimé cette sculpture de l'artiste contemporain Javier Pérez, intitulée Brotes I
L'ensemble, rappelant le cerf et sa ramure, est constitué d'un coeur doré, irradiant. Sur les rameaux, de petites feuilles ressemblant à des feuilles d'olivier, délicates. L'artiste allie l'organe humain à l'animal, au végétal, qui s'épanouissent ensemble.
.
Enfin, nous passons à l'atelier pour Bois sacré-Bois dormant, lieu de légendes, de croyances. Nous y voyons les sculptures Daphné de Zadkine, de l'art brut, une magnifique toile de Max Ernst, notamment.
- Théo Wiesen - ( LaM - Donation de l'Aracine - Art Brut )
.
- La dernière forêt - Max Ernst -
Je ne peux citer toutes les oeuvres, tous les artistes, qui jalonnent ce parcours, ils sont une quarantaine.
Avant de quitter l'atelier, une surprise nous attendait : dans un recoin, une vidéo sous laquelle est disposé un bric-à-brac. Ces " instruments " sont ceux utilisés pour créer les sons de la forêt ( qui paraissaient absolument authentiques, bruissements de feuilles, craquements, chants d'oiseaux, vent... ) qui accompagnent la visite de cet espace. Cette oeuvre " polymorphe " a été créée par Ariane Michel, elle s'intitule La forêt des gestes. La vidéo nous a permis de voir comment ces objets hétéroclites étaient utilisés pour générer les sons, après notre " immersion sonore ". Ce fut un choc. Ces objets sont des rebus, du manufacturé, de l'industriel. Les deux mondes associés ?
.
- Un bel article sur cette exposition ICI -
*
Ajouter un commentaire
Commentaires
1 Kathel Le 04/02/2020
marilire Le 06/02/2020
2 niki Le 04/02/2020
marilire Le 06/02/2020
3 Gwenaelle Le 04/02/2020
marilire Le 06/02/2020
4 Gwenaelle Le 04/02/2020
Je te disais qu'elle avait l'air riche cette expo. La forêt est un thème sur lequel j'avais commencé à travailler, mais c'est tellement vaste que j'ai laissé tomber. Ton billet me fait penser que je pourrais y revenir en rétrécissant le champ...
marilire Le 06/02/2020
5 Aifelle Le 05/02/2020
marilire Le 06/02/2020
6 Dominique Le 05/02/2020
mais par contre Max Ernst là j'adhère totalement
marilire Le 06/02/2020
7 krol Le 05/02/2020
marilire Le 06/02/2020
8 eimelle Le 05/02/2020
marilire Le 06/02/2020