Tananarive - Sylvain Vallée & Mark Eacersall
- Glénat - 2021 -
- Mise en scène & dessin : Sylvain Vallée / Scénario & dialogues : Mark Eacersall / Couleurs : Delf -
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Je crois n'avoir chroniqué aucune BD en 2021 ( mea culpa ), je choisis celle-ci parmi mes lectures ( malgré l'excellent dernier Blacksad de Juan Diaz Canales & Juanjo Guarnido Quelque part entre les ombres qui a pour unique défaut d'être un diptyque ).
Je choisis celle-ci car c'est un coup de coeur, une réussite tant pour le scénario que pour le dessin.
Le récit est d'une grande délicatesse, émouvant sans pathos exagéré. Il nous raconte l'histoire d'un notaire en retraite - et en retrait -, à la vie bien ordonnée qui ne l'a jamais entraîné hors de son département du Nord. Au décès d'un ami, il enquête pour retrouver un héritier. Cet ami lui racontait sa vie tumultueuse à travers les continents. En remontant le fil de son histoire, cette enquête devient une quête. Notre notaire - Amédée Petit-Jean -, vit sa grande aventure.
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Cet album nous parle du deuil difficile, de l'amitié, de nos aspirations et fantasmes, d'acceptation de soi aussi, de ce qu'apporte la fiction à nos vies. Le propos est fin, sans jugement, oscillant entre désenchantement et joie. Il se dégage des pages une belle émotion, une immense tendresse. Cette lecture fait du bien.
Le titre de l'album annonce les pérégrinations. Elles n'iront pas aussi loin, peu importe. Ce qui compte, c'est l'esprit, le ressenti, le dépassement plutôt que le déplacement.
Le dessin, impeccable, mêle avec brio l'ultra-réalisme aux rêves. Les décors et les paysages, se mélangent presque " naturellement ", comme sur l'illustration de couverture. La mise en couleur, le jeu des lumières (et donc des ombres ) ainsi que le découpage dynamique soulignent parfaitement le trait sensible. Tout est significatif sur les cases, les visages et postures, les allures, l'environnement, rien n'est négligé, qualité des costumes, des dialogues aussi ( l'expérience théâtral du scénariste est évidente. Dans sa gestion des ryhtmes de narration également ). Les sentiments, mis en image avec pudeur et bienveillance, sont prégnants.
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On tourne les pages foisonnantes de cette BD avec le sourire. Et quel hommage à nos lectures d'enfance. J'ai adoré le pastiche, en mots et en images, des BD d'aventures dans la bibliothèque, avec Pinpin et sa houpette.
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Dans le magazine dBD ( #156 - septembre 2021 ), j'ai lu une interview ( signée Frédéric Bosser ) du dessinateur Sylvain Vallée ( connu pour les BD Il était une fois en France et Katanga ). Il qualifie justement Tananarive de " road trip initiatique d'un vieillard de 80 ans ", de tragi-comédie.
" cette histoire est un prétexte pour parler des multiples aspects de la nature humaine, de la rêverie comme moteur de la vie, des faux-semblants, de la trahison, de la fidélité en amitié comme en amour, de l'âge... mais aussi de la force évocatrice de la littérature et de la BD, de l'attrait de l'aventure... "
" Et surtout, il [ le scénariste Mark Eacersall ] a réussi, avec ces thématiques, une véritable comédie qui pourrait rappeler le cinéma italien des années 60 que j'aime tant. "
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Commentaires
1 Kathel Le 09/01/2022
Je verrai celle-ci à la médiathèque, je ne suis pas sûre d'adhérer au dessin.
marilire Le 10/01/2022
2 Aifelle Le 09/01/2022
marilire Le 10/01/2022
3 A_girl_from_earth Le 09/01/2022
marilire Le 10/01/2022