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- L'incendie du théâtre de Weimar - J.Y. Masson
L'incendie du théâtre de Weimar - J.Y. Masson
- Editions Verdier -
Mars 1825: le théâtre de Weimar brûle. Goethe, qui l'a fait construire puis l'a dirigé pendant près de trente ans, voit dans cet incendie "le bûcher de ses souvenirs", et sans doute aussi un présage de sa propre mort. On peut en lire la confidence dans les Conversations de Goethe avec Eckermann, livre étonnant qui décrit jour après jour les dernières années de la vie du plus grand écrivain allemand. Mais Eckermann a-t-il tout dit ? Il semble bien que non. Un témoin jusqu'ici méconnu prend la plume et raconte. On découvrira dans son récit, retrouvé après plus d'un siècle et demi d'oubli, un Goethe-Phénix qui renaît de ses cendres, rêve un théâtre entièrement nouveau, et convie quelques amis, au nom de cette utopie, à une cérémonie secrète : "Car lorsqu'un malheur survient, lorsque la mort nous frappe, lorsque la destruction nous menace, il importe de réaffirmer au plus vite les forces de la vie. C'est pourquoi j'avais besoin de vous aujourd'hui : pour que nous formions un cercle enchanté."
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Un roman en hommage à Goethe, à son oeuvre, pas uniquement littéraire, à son engagement dans ses fonctions de surintendant de ce théâtre, à ses passions; un roman en hommage au théâtre, à l'opéra, aux poètes, à la culture classique. A l'Allemagne et à l'amitié aussi.
A travers les dialogues, les discussions animées des deux amis - l'un réel, proche de l'auteur allemand, l'autre fictif -, c'est Goethe vieillissant et toujours force vive, grand auteur et grand homme. Ce roman peut se lire comme un roman historique.
" Les Entretiens avec Goethe, ce livre que j'admire tant [...] sont un ouvrage unique en son genre : un portrait en mouvement perpétuel, d'une vérité saisissante, où l'on voit vivre le vieux Goethe tel que je l'ai moi aussi connu. On l'y entend parler comme s'il était encore là, devant vous, avec tout le magnétisme de sa présence. On ne pourrait guère comparer ce livre qu'aux Propos de Table de Luther, qui donnent véritablement l'impression que l'on est invité à dîner en même temps que les compagnons du grand Réformateur; mais la conversation, plus truculente, n'y roule pas sur un aussi grand nombre de sujets, et les situations y sont moins variées. Et la personnalité de Luther, d'une énergie assurément comparable à celle de Goethe, n'est pas tournée, on le comprend bien, vers des préoccupations du même ordre, bien que l'un et l'autre aient changé le destin de l'âme allemande. "
Un roman comme un portrait par scènes successives, ce portrait en mouvement, de cet auteur, de cette époque, de cette culture.
" Un portrait par scènes successives : car Eckermann avait par-dessus tout le sens du théâtre, et l'oreille parfaitement juste de qui savait saisir les bonnes répliques, même s'il ne posait pas toujours les bonnes questions, obsédé qu'il était, avec cette timidité naturelle d'autodidacte qui ne le quitta jamais, par la peur de ne pas saisir l'idée dans les grandes créations de Goethe. L'idée ? s'écria Goethe un jour devant moi à propos de je ne sais plus laquelle de ses oeuvres. Ce qu'on peut résumer en une phrase est vite compris, et ce n'est qu'un point de départ. C'est la réalisation de l'idée qui compte. "
Prestance des personnages, du récit, élégance de la plume alerte et érudite à la fine pointe lyrique qui sert l'esprit et l'atmosphère de l'époque dans cette ville de Weimar - " La nouvelle Athènes " - " ... il n'y avait pas deux endroits en Allemagne où le rayonnement des lettres eût été comparable " -, d'une érudition qui ne s'impose pas, n'en impose pas, confirme le désir de revenir à cette culture classique. De la littérature et de la philosophie, le lecteur croise les noms, les mots, d'auteurs antiques, et le génie d'un siècle, Schiller, Byron, il croise le Faust, le temps du projet de l'écriture du second Faust... Le Faust relu après cette lecture. Et la musique. Mozart.
Ce roman relate les jours qui suivent cet incendie, le projet d'un nouveau théâtre à Weimar, et la représentation en privée, chez Goethe, de La flûte enchantée, afin que " le spectacle continue ". Des pages fascinantes par les échanges autour de l'opéra, par l'interprétation proposée.
A travers Goethe, l'art et la vie.
Savoureuse et enrichissante lecture.
" Ce qui nous réunit ici, c'est l'amitié, de tous les sentiments humains le plus difficile, le plus exigeant et le plus solide. "
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- Rentrée littéraire Hiver 2014 avec Valérie -
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Commentaires
1 Kathel Le 06/06/2014
2 Asphodèle Le 06/06/2014
3 Marilyne Le 06/06/2014
@ Asphodèle : oui, ton poète. Qui est germaniste, romancier et poète certes, mais aussi traducteur ( Rilke lu dans sa traduction ). Quant à ce roman, non, pas de difficulté, prose classique fluide, la dynamique des dialogues, et rien du tout de didactique quant aux références.
4 Lili Le 09/06/2014
5 Marilyne Le 09/06/2014
( donc merci à toi, je l'ai lu poète chez Asphodèle :) )
6 Valérie Le 11/06/2014
7 Marilyne Le 21/06/2014
8 Praline Le 24/06/2014
9 Marilyne Le 26/06/2014
10 Mina Le 29/06/2014
11 Marilyne Le 29/06/2014
12 Dominique Le 07/06/2015
13 Marilyne Le 08/06/2015
14 Mina Le 15/07/2015