
- 10/18 -
- Traduit de l'américain par Michel Lederer -
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Je n'ai pas lu le premier roman de Ben Fountain Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn ( paru en janvier 2013 - Albin Michel - si vous l'avez lu, n'hésitez pas à me rappeler vos retours de lecture ), je lui ai préféré son recueil de nouvelles.
Ces nouvelles ont été précedemment publiées dans différents magazines avant d'être proposées en recueil; nouvelles écrites avant le roman que j'ai dévorées.
Les nouvelles sont noires face à une société de capitalisme mondialisé, de concessions ( dans tous les sens du terme ) et de complicités, complicités actives ou passives. D'une plume alerte et précise qui ne sacrifie rien à la verve narrative, des récits éloquents, dérangeants, une évidente maîtrise du genre pour raconter une histoire, " ... le cru et le cuit de la vie qui te tombent dessus sans rien du vernis contemporain. "
Huit nouvelles acides-amères qui mettent en scène des personnages américains, souvent hors de leurs frontières, " déplacés-décalés ", - trois fois Haïti, Colombie, Birmanie, Sierra Leone -, qui prennent le temps de planter là leur décor, qui se développent en profondeur.
" Entre trente et quarante ans, je suis souvent retourné à Haïti, convaincu d'avoir trouvé l'épicentre de la bêtise, du gaspillage et de l'horreur que subissait cet hémisphère ébranlé par l'arrivée de Christophe Colomb et des Espagnols. [...] Parfois, pendant mes visites, les discours du Che passaient sur la radiocassette. Au début, je m'étonnai, parce qu'elle ne comprenait pas plus les paroles que moi, mais ensuite, je me rendis compte que le son suffisait, que la tension, les guirlandes et les arabesques de l'espagnol du Che agissait sur elle comme une chanson sentimentale réaliste. C'était le disque qu'elle écoutait dans sa solitude, la musique qui exprimait les regrets, les vérités et les blessures que nous ne pouvions pas évoquer au cours de nos conversations normales. Ces secrets que nous cachons alors qu'ils ne sont pas tellement secrets. "
Les récits sont tout en ambiguité, malaises et absurde - pas de démonstration ni de caricatures - bien menés, bien rythmés, aux personnages et situations bien campés, sans conteste, sur cette variété de situations et de géographies qui ne dénature pas ce recueil; recueil qui se clôt par une échappée dans la Vienne du XIXème, troublante nouvelle relatant les manifestations antisémites, leur propagation, leur virulence, leur caractère politique, à travers la carrière d'une jeune pianiste, enfant virtuose à onze doigts.
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- Première publication 2008 dans la collection Terres d'Amérique aux éditions Albin Michel - Parution poche 10/18 en 2010 -
- Mois de la nouvelle avec Flo -
- De la Pile à Lire 2014 avec Antigone -
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Commentaires
1 Kathel Le 09/06/2014
2 keisha Le 09/06/2014
3 Lili Le 09/06/2014
4 Anne Le 09/06/2014
5 Marilyne Le 09/06/2014
@ Keisha : je prends bonne note de la recommandation. Je crois tu peux signer !
@ Lili : on ne peut pas dire ça, non, malgré la pointe d'ironie.
@ Anne : va-t-il falloir choisir ? ^^
6 Manu Le 11/06/2014
7 antigone Le 12/06/2014
8 Flo Le 17/06/2014
9 Marilyne Le 21/06/2014
@ Antigone : c'est géré, un mois je lis, un mois je chronique ;)
@ Flo : qu'est-ce qui te fait fuir dans le début ? Je crois que ce recueil pourrait t'intéresser.