La maison et le vent - Hector Tizon
- Actes Sud -
- Traduit de l'espagnol ( Argentine ) par Françoise Campo-Timal -
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Ce magnifique récit est un récit d'exil. Le narrateur, alter ego de l'auteur, juriste, part, ferme sa maison, fuit la dictature. Il se rend en Bolivie.
Ce qui nous est raconté, c'est ce voyage, cet adieu. Le narrateur avance vers le Nord, vers les Hauts Plateaux, région rude, désertique, de montagnes; une région abandonnée, de solitude. Il s'attarde dans ces villages perdus.
" Le seule muse de ce village a été la solitude, pas la pauvreté ni la dureté du climat ni l'aridité de la terre ou l'éloignement, mais cette solitude profonde qui incite à aimer le silence et le feu. "
C'est une errance, un regret. Le narrateur souffre de ce départ, il lui semble avancer vers une mort. - " Tout était comme avant, comme toujours, parfaitement indifférent, ce qui agravait mon impression d'être un fugitif secret, quelqu'un qui, en fait, se fuyait lui-même. " - Il s'interroge sur ce renoncement, sur ce qu'est la liberté, la quête de liberté. Il ne nous dit rien de sa vie d'avant. Ce récit, c'est un carnet de voyage, comme des notes au fil des jours, des rencontres, des histoires, un herbier de paysages, des souvenirs d'enfance aussi, en mémoire. Ce récit, c'est une collecte de la terre, de la vie, qui vont être définitivement quittées.
" J'ai besoin d'images libres. "
Au gré des lieux, des hébergements, des réflexions et des questions intimes, nous avançons vers la frontière. Le récit est doux-amer, plus mélancolique que nostalgique, vibrant, poignant, éloquent, sans grandiloquence, sans lyrisme. Il nous découvre une région, un autre temps bien que l'ombre de la dictature pèse, sans qu'elle soit citée directement.
" Je veux laisser derrière moi la stupidité et la cruauté et ne retenir que la mémoire de cet autre pays, afin de ne pas arriver les mains vides là où je vivrai désormais de son souvenir. "
Il y a une fragilité bouleversante dans ce récit d'une grande beauté.
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Les hauts plateaux argentins sont proches de la Bolivie et du Chili, de la cordillère des Andes. C'est un monde minéral d'altitude, d'aigles et de condors, de lamas, de vent, de mines de sel, de villages métis, la terre des Coyas, des yaretas et de l'erke.
- Yaretas : mousse des hauts plateaux andins -
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- Joueur de erke -
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Hector Tizon ( 1929 - 2012 ) est originaire de la province de Jujuy, au nord-ouest de l'Argentine, au pied de la Cordillère des Andes, à plus de 1000 kilomètres de Buenos-Aires. Il fut journaliste, avocat, député, diplomate, juge à la Cour Suprême. Il vécut en exil en Espagne avant de revenir dans sa province argentine.
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- Participation au Mois de l'Amérique du Sud avec Ingannmic & Goran -
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Commentaires
1 Aifelle Le 16/02/2021
marilire Le 17/02/2021
2 Anne Le 16/02/2021
marilire Le 17/02/2021
3 krol Le 16/02/2021
marilire Le 17/02/2021
4 Kathel Le 16/02/2021
marilire Le 17/02/2021
5 A_girl_from_earth Le 16/02/2021
marilire Le 17/02/2021
6 Tania Le 18/02/2021
(Le refus des cookies a effacé mon commentaire, j'espère que ça marchera cette fois.)
marilire Le 27/02/2021
7 Ingannmic Le 20/02/2021
marilire Le 27/02/2021
8 Patrice Le 20/02/2021
marilire Le 27/02/2021
9 Jourdan Le 22/02/2021
Actes Sud lui a enfin donné la place qu’il mérite avec une belle traduction.
Merci pour ta chronique et pour les belles illustrations.
marilire Le 27/02/2021