L'assassin habite au 21 - S.A.Steeman
- Le Masque - 2018 ( réédition Fac-Similé ) -
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Stanislas-André Steeman (1908-1970) fut un auteur belge de romans policier prolixe, considéré comme " l'autre Simenon ".
Nous le connaissons pour les adaptations cinématographiques de certains de ses romans, dont Quai des Orfèvres ( titre du roman : Légitime défense ), Le dernier des Six ( titre du roman : Six hommes morts ), L'assassin habite au 21.
Ayant eu l'occasion en début d'année de voir grand écran, à l'Institut Lumière, cette adaptation de L'assassin habite au 21 de Henri-Georges Clouzot ( film de 1942 ) avec Pierre Fresnay dans le rôle du commissaire Wens, j'ai été très curieuse du roman.
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Bien que connaissant l'intrigue et le fin mot de l'enquête, ce fut un véritable plaisir de lecture. D'abord parce que l'adaptation cinématographique est différente du roman, je n'ai lu la même histoire que dans la mesure où n'ont été repris que les ressorts de l'intrigue ( les meurtres de Mr Smith ) et son contexte ( une pension de famille ). Le film se déroule à Paris ( Mr Smith se nomme donc M.Durand ), le roman à Londres :
Un mystérieux assassin terrorise Londres en commettant des meurtres en série dont le vol semble être le mobile. Il signe ses forfaits d’une carte de visite au nom de « monsieur Smith ». Le commissaire Strickland, chargé de l’enquête, mène des investigations qui le conduisent rapidement dans une pension de famille au 21 Russel Square, où se cacherait le coupable. Il n’aura alors de cesse de le démasquer parmi les pensionnaires, mais chaque fois que l'un d'entre eux est placé en garde à vue, un nouveau meurtre est commis par le tueur en série, et la police retourne à la case départ.
Dans le film, un personnage, le commissaire Wens, s'introduit dans la pension de famille sous une fausse identité pour enquêter et surveiller les pensionnaires. Son amie Mila l'y rejoint. Ces personnages n'existent pas dans le roman. Henri-Georges Clouzot a ajouté à l'intrigue de L'assassin habite au 21 un personnage récurrent de l'auteur, ce commissaire Wens ( présent dans de précédentes adaptations cinématographiques ).
J'avais beaucoup aimé le film, j'ai adoré ce roman datant de 1939.
On y retrouve certaines des personnalités des pensionnaires, mais pas tout-à-fait. Nous sommes à Londres dans les années 30, le brouillard est un personnage à part entière. Le récit est prenant, enlevé et drôle, par les portraits et les réflexions. Et la plume est fine, sans peser, pour décrire ces personnalités ainsi que les " effets de foule " ( les réactions envers les malheureuses personnes portant pour patronyme Smith, les visites de la pension de famille sous de faux prétexte de recherche de logement par curiosité morbide lorsque court la rumeur que " l'assassin habite au 21 ", le rôle des journalistes... ).
- " Le superintendant Strickland passait, avec raison, pour l'homme le plus flegmatique de tout Scotland Yard. Mrs Strickland elle-même avait renoncé définitivement à lui faire perdre son sang-froid le jour où elle lui avait donné, pour la troisième fois, des jumelles. "
- " En dépit des émotions de la nuit, les pensionnaires de Mrs Hobson se levèrent, ce samedi 29 janvier 193..., plus tôt que de coutume. Le laitier venait à peine de déboucher de Belford Place que le major Fairchild sautait de son lit et se mettait à exécuter, devant sa fenêtre ouverte, les douze mouvements respiratoires recommandés par la méthode Huntley. Ce bruit réveilla Miss Holland qui se dressa sur son séant en poussant un cri. Elle rêvait que la statue de Nelson, descendue de sa colonne, la poursuivait tout autour de Trafalgar Square. Miss Pawter, comme d'habitude, frappa contre la cloison et lui souhaita le bonjour. Bien qu'il ne fut pas 7 heures un quart, elle achevait de passer une robe, une petite robe à fleurs achetée en solde, deux jours plus tôt, chez Roberts and Roberts. Trop courte de deux doigts, mais un amour. "
L'intrigue est bien ficelée, le rythme soutenu sans tomber dans le thriller par ce côté so british des dialogues-situations et le principe du " who do it ? ", dont l'auteur s'amuse, juste avant la révélation finale - en récit rapporté -, en s'adressant directement à son lecteur : " vous voici en possession de tous les éléments nécessaires à la découverte de la vérité. Mieux ! Celle-ci figure en toutes lettres en divers endroits de ce roman. Êtes-vous bon détective ?... A vous d'en décider ! "
J'ai été curieuse de Stanislas-André Steeman pas seulement pour les romans et adaptations cinématographiques mais également parce que j'ai lu qu'il était illustrateur, notamment de BD au début de sa carrière, avant de se consacrer à l'écriture. Ses BD restent confidentielles, elles ne sont plus publiées ( quand elles le furent ). Journaliste, il écrivit des contes, des romans d'aventures, parfois sous pseudonyme. Les éditions du Masque ont tenté la publication des oeuvres complètes dans les années 90 ( il faudrait que je vérifie à nouveau, il me semble que les illustrations de couverture sur les volumes de cette intégrale sont de l'auteur ).
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- Participation au Mois belge -
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Commentaires
1 Ingannmic Le 27/04/2022
marilire Le 28/04/2022
2 Aifelle Le 27/04/2022
marilire Le 28/04/2022
3 Autist Reading Le 27/04/2022
marilire Le 28/04/2022
4 niki Le 27/04/2022
marilire Le 28/04/2022
5 Anne Le 27/04/2022
marilire Le 28/04/2022
6 A_girl_from_earth Le 27/04/2022
Bon, je vais pouvoir briller en société demain car je ne connaissais absolument pas cet auteur bien que les adaptations cinématographiques, si. De nom seulement d'ailleurs car je n'en ai vu aucun. En tout cas, tu m'as bien donné envie de lire cet auteur. Pour les films, on verra car j'ai du mal avec les vieux films et puis, j'aime faire les choses dans l'ordre.
marilire Le 28/04/2022
7 Kathel Le 28/04/2022
Bon, mais c'est que tu donnes envie de le lire, celui-ci !
marilire Le 28/04/2022
8 keisha Le 04/05/2022
marilire Le 05/05/2022
9 eimelle Le 04/05/2022
marilire Le 05/05/2022
10 nathalie Le 07/05/2022
marilire Le 07/05/2022
11 dasola Le 21/05/2022