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Le doux parfum des temps à venir - Lyonel Trouillot
- Actes Sud 2013 - Collection Essences -
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Sans précision de lieu ni d'époque, une mère parle à sa fille. En fuite, marquée au fer d'une fleur de honte, elle revisite les parfums violents de ses haltes et de ses errances. Voyage dans le souvenir de cités délabrées, de paysages désertiques, de musiques barbares, de corps défaits et de rêves interdits, mais, naissant en elle, comme après chaque épreuve, par la promesse de l'enfant à naître, à qui elle raconte aujourd'hui leur histoire, le doux parfum des temps à venir.
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Le principe de cette collection, c'est l'évocation par les odeurs, les parfums. Une contrainte littéraire que Lyonel Trouillot sublime dans ce texte généreux et engagé d'une cinquantaine de pages où résonne une vibrante voix féminine. Comment le qualifier, ce texte ? Il s'agit d'un testament et d'une poésie. Quelques chapitres, une narration en strophes. Une balade et un chant. Un chant d'adieu dédié à la vie dans lequel ces parfums racontent les lieux mais aussi les temps et les âges, les émotions et les sentiments.
Une mère se meurt. Cette dernière nuit, elle se livre à sa fille maintenant jeune femme, elle (dé)livre sa vérité, le récit d'une errance parce que libre; le récit d'une errance parce que la condamnation, les guerres - les grandes qui traversent des frontières, les petites tueuses de corps et d'âmes dans des maisons plus tristes que la mort, la misère...
" Au point du jour je te quitterai.
Mais dans la nuit qui fut ma seule confidente, je
réclame à la mort
un dernier temps de parole.
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Avec toi
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De femme à femme.
[...]
J'ai vu la violence des hommes et des éléments.
Et j'ai respiré l'odeur de la haine. "
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La mère, conteuse pour l'enfant, exige cet ultime moment pour rétablir la vérité, celle de la réalité; d'autres mots après ceux des berceuses et des fables de l'enfance; de belles histoires et des légendes familiales inventées pour offrir une enfance et donner à aimer la vie. Mais " je t'ai encore menti ". La mère raconte sa véritable histoire, quelle fille elle fut, d'où elle est (re)venue, " poussée par la colère des hommes "; ces autres mots pour accompagner une existence qui ne doit pas céder à cette odeur de la haine. Ces autres mots en prière et en espérance.
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" Toi maîtresse de tes routes et de ton parfum "
[...]
N'oublie pas, mon amour.
Le paradoxe du parfum, c'est qu'il libère ce qu'il capture.
Capture la vie et libère-la.
Capture les odeurs de la vie et libère-les.
Qu'elles jaillissent de tes paumes, de tes hanches, de tes yeux vifs à tout saisir,
mourants lorsque tu t'abandonnes.
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Va, ma fille. "
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- Lecture de la Collection Essences avec Mina qui vous présente N'oublie pas de respirer d'Hélène Frappat -
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Commentaires
1 Mina Le 20/01/2015
2 jérôme Le 20/01/2015
3 Marilyne Le 21/01/2015
@ Jérôme : je ne suis pas étonnée que ce texte soit passé par toi et qu'il t'ait touché.